« La CG c’était la mère nourricière »
Quand Radio Royans Vercors fait parler la mémoire ouvrière
Vous l’avez peut-être aperçu en vitrine ou dans l’une des médiathèques du Royans ou du Vercors ? Vous en avez peut-être entendu quelques extraits sur les ondes de Radio Royans Vercors ? Depuis la fin de l’année 2019, une partie de l’histoire industrielle du Royans a fait l’objet d’un travail collaboratif pour réaliser un coffret Livret/CD intitulé : Au temps de la douille, une usine au XXème siècle.
Le sujet ? Les mutations en milieu rural à la suite de l’implantation de la Compagnie générale d’électricité (la « CéGé ») à Pont-en-Royans, en 1918. L’impact de l’explosion industrielle dans le Royans-Vercors sur les familles, les sociabilités, les paysages, l’économie locale… La question du travail des femmes, du salariat, sur fond de douilles, de presses, d’ateliers satellites, et de bains d’acide… En répondant à un appel à projets initié par la Région et la Direction Régionale des Affaires Culturelles sur les Mémoires du 20ème siècle, ce coffret est le fruit d’une collaboration entre des journalistes, des chercheurs, des habitants, des artistes et des associations. Il raconte par des voix, la mémoire d’une usine pour laquelle des milliers de personnes ont travaillé. Il raconte par des textes, le monde ouvrier au siècle dernier. Illustré de photos, il s’invite chez vous dans l’attente d’être exploré afin que vous puissiez écouter ce qui a fait battre le cœur du « pays » durant des dizaines d’années. En 2020, de l’ensemble industriel qui s’étirait de Saint-Marcellin à la Chapelle en Vercors, il reste encore, dans le Royans et le long des berges de la Bourne, un lieu de production dont quelques dizaines d’ouvrier.e.s franchissent les portes, chaque jour.
Les voix enregistrées et compilées pour une heure d’écoute, témoignent d’une période révolue, celle du plein-emploi, de la Seconde Guerre Mondiale, des conditions de travail dangereuses, des jeunes, qui, dès l’âge de 14 ans, se présentaient à la porte du plus gros employeur du Royans. Elles racontent la camaraderie, l’ambiance de travail, la main d’œuvre féminine, l’organisation des familles et le travail en 3/8, le travail à domicile… Elles évoquent aussi Pont, ce village désormais touristique, mais qui a vécu, jusque dans les années 80, au rythme de la sirène et des nombreux commerces de la grande rue.
Le Royans , terre de fabriques
Au début du 20ème siècle, Pont en Royans est un lieu d’échanges, un lieu de passage, où vivent plus de 800 personnes travaillant dans la soie, le bois, le commerce, le transport… Beaucoup ont un jardin qu’ils entretiennent avec soin. Quelques-unes ont des terres à labourer. Les touristes, que l’on voit de plus en plus, s’arrêtent à l’une des tables réputées du bourg, pour y déguster des truites fraiches, avant de prendre la route des Gorges de la Bourne. Terre de fabriques, le Royans-Vercors est un pays vallonné, parcouru de nombreux cours d’eau et de multiples forêts. Depuis le Moyen-Age, ces ressources naturelles assurent aux habitants une source de revenus et d’énergie qu’ils ont exploitée pour le blé, l’huile, le bois, le papier, la laine. Travailleurs d’ici ou travailleurs étrangers ont ainsi été nombreux à tenter leur chance dans les scieries, les forêts, les tourneries ou les usines textiles.
1918. La compagnie générale d’électricité (CGE), dont le siège se trouve à Ivry sur Seine, envoie son secrétaire général visiter les locaux de l’usine d’organsinage de Pont en Royans, où travaillent encore une trentaine de personnes. Tombée sous le charme du village aux maisons suspendues et aux ruelles biscornues, la compagnie achète l’usine avec son personnel. C’est le début d’une aventure qui s’inscrit désormais dans l’ADN de ce village « du bout du monde ».
26/03/2020 Xaviera Bogaczyk.
L’ÉMOTION RADIOPHONIQUE
Bien avant ce projet sur la mémoire ouvrière, Radio Royans-Vercors (née en 1987) a capté les témoignages de ceux qui travaillaient dans le bois, le textile, l’appareillage électrique, ou dans les champs, de ceux qui, venant souvent de l’étranger, ont construit les barrages, ont consacré leur vie de labeur au bûcheronnage, à la carbonisation ou au bâtiment. Les enregistrements qui illustrent ce projet sont des documents qui confirment, étayent, précisent l’analyse historique et sociologique. Mais ils apportent bien autre chose.
Ce sont des voix, des voix de chair et de coeur, des voix de joie ou de souffrance, des voix d’émotion qui chacune à leur manière disent des histoires, qui ouvrent des portes, des interrogations, des cris que jamais l’analyse écrite ne pourra traduire.
C’est le contrepoint à l’analyse globale. C’est le point de vue individuel ou du petit groupe qui vient confirmer ou contredire ponctuellement la tendance générale de l’interprétation de cette histoire industrielle. De plus, le travail de montage, de regroupement, de juxtaposition, est fait pour amplifier un regard sensible sur l’intime ressenti des ouvriers du Royans au XXe siècle.
François Brunsvick et Patrice Gilman.
Les Voy'Age Heures numériques
La Grande Guerre
Une expo, des ateliers d'écriture, une mise en scène par les élèves de CE1, CE2, CM1 et CM2 de Pont en Royans
Une fois n'est pas coutume, les associations "D'une Histoire à l'autre", en partenariat avec "Si Pont m'était conté", ont travaillé en 2014 avec les élèves de l'école primaire sur la Première Guerre Mondiale.
Se sont associées au projet : la Halle Médiathèque de Pont en Royans et l'association patrimoine Royans d'hier et d'aujourd'hui. La restitution des travaux des élèves était prévue le 30 janvier 2015 à la Halle Médiathèque...
Nous avons commencé par aller voir notre Monument aux morts, nous avons ensuite parlé de la Belle époque, puis de la Première Guerre Mondiale, nous avons rencontré un passionné de la guerre, venu en classe nous présenter sa collection d'objets! C'était super! Merci Mr Thibert... (bénévole de l'association Royans d'hier et d'aujourd'hui).
Un temps de travail à la Halle pour écrire "à la manière de" était prévu, les élèves ont lu des correspondances prêtées par l'association Si Pont m'était conté et par les parents eux même, puis un autre temps était consacré à la réalisation d'exposés. Enfin, en art visuel, ils ont travaillé sur une oeuvre de Valloton intitulée "Verdun"!
Avec les CE1 et CE2, nous avons travaillé à partir d'images montrant un personnage de la période concernée. Les élèves ont imaginé qui étaient ces personnages, à quoi ils pensaient, et devaient les faire dialoguer entre eux!!!
Pour cette nouvelle année scolaire, D'une histoire à l'autre se penche sur l'ancienne école de Pont-en-Royans, bombardée en juin 1944.
La classe des CM1 et CM2 de Mme Rebatet a entamé depuis janvier des recherches sur la vie dans les années 1940, l'école qu'on appelait" le château" à Pont en Royans, les bombardements du village, la Resistance dans le Vercors ou encore l'antisémitisme.
La classe a reçu en classe un ancien Résistant ainsi que deux anciens élèves de l'ancienne école. Des petits groupes de travail ont réalisé un exposé sur l'une des thématiques citées plus haut et commencent à préparer un récit qu'ils illustreront en bande-dessinée.
Une illustratrice est venue au printemps expliquer son métier et aider les élèves dans la réalisation de leur bande-dessinée.
Cette année, le Conseil général et la mairie de Pont-en-Royans soutiennent cette action afin de mettre en valeur le travail des élèves par l'édition de leur bande-dessinée.
L'association Si Pont m'était contée est bien sûr partenaire du projet puisqu'elle a fourni beaucoup de documents et photos.
Le correspondant local du Mémorial de l'Isère, Jacques Talon contribue lui aussi au travail des élèves par les témoignages qu'il avait recueilli il y a dix ans et qu'il a fait passer aux élèves.
Les 10 ans de l'incendie du Mont Baret
D'une histoire à l'autre s'est associée à l'association Si Pont-en-Royans m'était conté et les Sapeurs Pompiers pour travailler avec les scolaires de Pont-en-Royans.
En effet, en 2003, le Mont Baret prenait feu et il en porte aujourd'hui encore les stigmates.
Autour des entretiens menés par D'une histoire à l'autre auprès des personnes ayant vécu l'évènement, les élèves des classes de CM1 et CM2 ont fait un travail sur la mémoire, par la collecte de témoignages ou de documents. L'analyse s'est faite en classe grâce à l'aide précieuse et à la coordination de l'instituteur Mr Paillette, ainsi que la réalisation d'un travail collectif autour de l' incendie sous forme d'exposition.
Ils ont rencontré un ancien Chef des Pompiers présent lors de l'incendie et sont allés visiter la caserne avec les autres classes de l'école.
Les domaines d'enseignement touchés par ce travail sont: la culture humaniste, l'histoire locale, les techniques de communication, l'instruction civique et morale, l'organisation et la gestion des données, les technologies et le français.
L'exposition a été présentée les 8 et 9 juin 2013 à Pont en Royans lors de la sortie de la brochure sur les 160 ans des pompiers de Pont-en-Royans (brochure
réalisée par l'Amicale des pompiers et l'association Si Pont en Royans m'était conté).